Moi Toi Nous

« La santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité.
Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence. Afin d’atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés.

La sexualité est un aspect central de la personne humaine tout au long de la vie et comprend le sexe biologique, l’identité et le rôle sexuel, l’orientation sexuelle, l’érotisme, le plaisir, l’intimité et la reproduction.

La sexualité est vécue sous forme de pensées, de fantasmes, de désirs, de croyances, d’attitudes, de valeurs, de comportements, de pratiques, de rôles et de relations. Alors que la sexualité peut inclure toutes ces dimensions, ces dernières ne sont pas toujours vécues ou exprimées simultanément.
La sexualité est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. »

De quoi parle-t-on ?

Le concept de Vie Affective et Sexuelle

La vie affective et sexuelle fait référence à la santé sexuelle, aux relations affectives, aux Infections Sexuellement Transmissibles (IST), au Sida, à la grossesse, à l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), à la contraception, aux violences sexuelles et liées au genre, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, ainsi qu’à l’impact des maladies et handicaps sur le bien‐être sexuel.

L’éducation à la vie affective et sexuelle est une part de l’éducation générale. Elle concerne l’apprentissage des aspects cognitifs, émotionnels, sociaux, interactifs et physiques de la sexualité. Elle commence dès la naissance de l’enfant et se poursuit à l’adolescence et à l’âge adulte.

Elle apporte aux personnes, en partant de leurs représentations et de leurs acquis, les informations objectives et les connaissances scientifiques qui permettent de connaître et de comprendre les différentes dimensions de la sexualité ; elle doit également susciter leur réflexion à partir de ces informations et les aider à développer des attitudes de responsabilité individuelle, familiale et sociale.

Pour les enfants et les jeunes, son objectif premier est d’accompagner et de protéger le développement sexuel. L’éducation sexuelle leur donne, en fonction de leur âge et de leur niveau de développement, les informations, les compétences et les attitudes qui leur permettent de comprendre leur sexualité et d’en jouir, d’avoir des relations sûres et satisfaisantes, et d’assumer la responsabilité de leur propre santé et bien‐être sexuels. Elle permet aux enfants et aux jeunes de faire des choix qui améliorent leur qualité de vie et contribuent à une société bienveillante et équitable.

L’éducation à la vie affective et sexuelle s’inscrit dans une démarche plus large qui est de promouvoir la santé des enfants et des adolescents. La santé sexuelle des jeunes est influencée par plusieurs déterminants. Le développement de compétences personnelles via l’éducation à la vie affective et sexuelle ne suffit pas en tant que tel pour l’améliorer. L’environnement familial, social et physique doivent également être pris en compte et devenir favorable à ces changements et à la santé.

Les objectifs de l’éducation à la vie affective et sexuelle ?

Les objectifs poursuivis à travers l’éducation sexuelle sont de :

Contribuer à un climat social tolérant, ouvert et respectueux envers la sexualité et les différents modes de vie, attitudes et valeurs.

Favoriser le respect de la diversité sexuelle et des différences entre sexes ainsi que la prise de conscience de l’identité sexuelle et des rôles socialement associés au genre.

› Renforcer les compétences des individus à faire des choix informés et responsables envers eux-mêmes et les autres.

Avoir des connaissances sur le corps humain, son développement et ses fonctions. Prendre conscience de son corps, le respecter et respecter celui des autres et en prendre soin.

Favoriser le développement psychosexuel des individus en apprenant à exprimer des sentiments et des besoins, à mener une vie sexuelle agréable et à développer sa propre identité sexuelle et ses propres rôles de genre.

Fournir des informations correctes sur les aspects physiques, cognitifs, sociaux, émotionnels et culturels de la sexualité, sur la contraception, la prévention des IST, du VIH et les violences sexuelles.

Favoriser l’acquisition des compétences nécessaires pour composer avec tous les aspects de la sexualité et des relations.

Diffuser les informations concernant l’accès aux prestations des services médicaux et de conseil, notamment en cas de problèmes et questions relatifs à la sexualité.

› Favoriser la réflexion sur la sexualité et diverses normes et valeurs en regard des droits humains afin de soutenir le développement d’un esprit critique.

› Soutenir la capacité de construire des relations (sexuelles) basées sur la compréhension et le respect mutuel des besoins et limites de chacun et d’entretenir des rapports égalitaires.

› Favoriser la capacité à communiquer au sujet de la sexualité, des émotions et des relations, et permettre l’utilisation du langage et des mots appropriés.

Intervenir en éducation
à la vie affective et sexuelle

Qui peut agir ?

Les parents participent à l’éducation à la vie affective et sexuelle de leurs enfants. Même si ce n’est pas de manière explicite et consciente, ils sont pour eux des exemples concrets du fonctionnement des relations interpersonnelles. Cet apprentissage informel et naturel peut et doit être complété par un enseignement et un apprentissage proactif.

Les professionnels (éducateurs, cadres, enseignants, médecins, infirmières, sages‐femmes, conseillers conjugaux et familiaux, animateur·rice·s, psychologues, etc.), spécialisés ou non en matière de sexualité, sont des sources d’apprentissages et servent parfois de modèles aux jeunes. Leur rôle est de leur apporter des éléments de connaissance et de réflexion sur la sexualité et de leur permettre de développer des attitudes et des compétences adéquates.

Les interventions d’éducation sexuelle doivent s’appuyer sur une coopération entre les professionnels encadrant les jeunes et leurs partenaires (ex : accueil de loisirs, maison des jeunes et de la culture, centre social, espace jeunes…) et être mises en place dans et en dehors du milieu scolaire.

Il est néanmoins indispensable pour les futurs animateur·rice·s de consacrer une première étape à une réflexion sur les représentations de chacun en matière d’éducation et de promotion pour santé mais également de réfléchir sur les valeurs et les finalités visées ainsi que les raisons et les façons de mettre en œuvre le projet. Cette première étape va permettre aux animateur·rice·s de se mettre d’accord sur «une culture commune» en matière d’éducation et de promotion pour la santé puis d’amorcer la réflexion sur les méthodes et les pédagogies pouvant être utilisées pour mettre en place le projet d’éducation à la vie affective et sexuelle.

Selon quels principes agir en éducation à la vie affective et sexuelle ?

L’éducation à la vie affective et sexuelle s’inscrit, dans le cadre de la promotion de la santé, dans une approche globale. Elle doit être comprise dans l’ensemble de ses composantes et non pas uniquement réduite aux relations sexuelles. Elle prend en compte tous les aspects de la sexualité (dimensions physiques, psychologiques, spirituelles, sociales, économiques, politiques et culturelles). Il est indispensable de ne pas se focaliser uniquement sur les éventuels risques et leur prévention (ex : IST, VIH, grossesses non désirées…). En effet, il est nécessaire d’avoir une approche positive, en abordant la sexualité en termes de bénéfices et de potentialités.

L’objectif étant de donner la capacité aux jeunes de gérer leur sexualité de manière responsable, sûre et satisfaisante.

› Les prérequis de l’intervention

Les interventions doivent répondre à certaines règles et ne pas être effectuées au hasard.
Ainsi, il est nécessaire de privilégier des petits groupes et de s’assurer de la disponibilité du public, c’est‐à‐dire, s’assurer que le lieu et le moment choisis pour intervenir sont propices au bon fonctionnement de l’intervention.
De plus, il est fondamental pendant l’intervention, de se placer dans une attitude de bienveillance, de nonjugement, nonstigmatisation et de confiance. Afin d’adapter le contenu et la forme des actions collectives, il semble naturel de constituer des groupes relativement homogènes en terme de niveau de compréhension et d’attentes. Ainsi, le ou les animateur·rice·s pourront concevoir et adapter les séances aux compétences du groupe.

Cette thématique renvoyant à la notion de l’intimité, il sera nécessaire de créer un climat de bienveillance, de respect et de confidentialité au sein du groupe afin que chacun puisse se sentir libre de s’exprimer sans être jugé. En effet, ces animations reposant essentiellement sur les échanges entre les participant·e·s, il est impératif de les sécuriser.

Enfin, au début de l’intervention il sera important que l’intervenant·e se présente, donne le contexte de l’intervention, les règles de vie et de fonctionnement du groupe, les objectifs et pour finir le déroulé de l’action.

 

› Un outil fil rouge pour les animateurs.rices : la règle des 3C

Connaître ses propres désirs et limites
Il est nécessaire d’être capable de connaître et définir quels types de relation, d’activités sexuelles nous conviennent personnellement et lesquelles ne nous conviennent pas. Les désirs et les limites subissent l’influence des valeurs personnelles et peuvent varier selon le contexte dans lequel a lieu la relation. Pour être à l’aise avec ses choix, il faut d’abord apprendre à se connaître.

Désire-t-on ou non ? S’embrasser, se coller, les caresser sans toucher aux parties génitales, les caresses des seins, des fesses, des parties génitales, la masturbation de l’autre, la sexualité orale, la pénétration vaginale, la pénétration anale…
Selon la durée de la relation ou le contexte dans lequel vous vous trouvez, les désirs et les limites varient selon les circonstances.

Communiquer efficacement
Il est important de faire connaître clairement ses désirs et limites à son ou à sa partenaire, car personne ne peut deviner ou se fier à son impression pour imaginer ce que l’autre veut. Afin qu’une relation sexuelle (ou non) soit plaisante, il faut que chaque partenaire soit capable d’écouter, d’être attentif et de respecter l’autre.

Consentir mutuellement
Le consentement est mutuel lorsque les deux partenaires sont d’accord avec les gestes de leur partenaire dans le contexte dans lequel a lieu la relation. Cela implique d’avoir communiqué efficacement.  Le consentement est une base fondamentale pour qu’une relation sexuelle ait lieu, il ne doit pas être obtenu par la menace ou en échange de promesses. Le consentement est essentiel, car, selon la loi, s’il n’y a pas consentement des 2 partenaires, il y a agression. Chacun est  libre de refuser à tout moment et en toute sécurité.

 

› L’éducation à la vie affective et sexuelle doit :

› Être adaptée à l’âge, au niveau de développement et aux capacités intellectuelles des enfants et des jeunes.
› 
Être mise en place de manière continue dans le temps dans une logique de parcours éducatif en santé.
› 
Être réaliste et être en phase avec les réalités socioculturelles du public.
› Avoir une approche pluridisciplinaire et multisectorielle en faisant intervenir différentes catégories de professionnels.
› Être fondée sur l’égalité des sexes, l’autodétermination et l’acceptation de la diversité.
Soutenir les ressources et les compétences des individus.
Respecter la sphère privée des enfants et des jeunes et instaurer un climat de confiance mutuelle.
› Être basée sur des informations précises et scientifiquement étayées.
› Être pensée pour et par les jeunes en valorisant leur participation et favorisant les interactions.
Inclure les familles des jeunes enfants et les faire participer.
› Être fondée sur une approche citoyenne et respectueuse de la dignité humaine.

Faire face à des situations difficiles

Un intervenant en éducation pour la santé rencontre souvent des situations d’animation qui peuvent parfois poser problème.
En effet, il se peut que, malgré plusieurs tentatives, l’animation ne « prenne » pas, car le groupe n’est pas disponible pour cela, ce qui ne remet pas forcément en cause la qualité de l’animation. Voici quelques exemples de situations difficiles et des pistes possibles pour débloquer ces situations.

Un participant·e se met à évoquer de façon de plus en plus intime ses expériences. Comment réagir ?

› En début de séance rappeler les règles de l’animation et rappeler que l’on parle de ses représentations (ensemble d’avis) et non de sa vie personnelle.
› Reconnaître l’intérêt des propos de la personne mais lui préciser que ce n’est pas le moment et que l’on peut en reparler individuellement en fin de séance (occasion de l’orienter éventuellement vers un spécialiste).
› Recentrer sur le sujet (sans reprendre la personne).

Malgré vos relances, le groupe ne veut pas du tout participer. Comment réagir ?

› Éviter de faire comme si tout allait bien.
› Interroger le manque d’enthousiasme.
› Offrir une possibilité de changement de thème ou d’outil pour recentrer le groupe sur un thème qui le préoccupe et l’empêche de travailler sur autre chose (problème de vie de classe par exemple).
› En amont, le temps dédié à la pose du « cadre » peut être fait sur un modèle participatif.

Votre co-animateur·rice que vous connaissez très peu, intervient de plus en plus et en contradiction avec vous. Comment réagir ?

› Prendre le temps, même très court, de s’accorder avec son co-animateur·rice  pour clarifier la place de chacun.
› S’en sortir en soulignant la complexité du problème, du phénomène en jeu, et rappeler que chacun à ses propres représentations par rapport à un même phénomène.
› Avancer des « données scientifiques » et validées.
› Accepter et dire clairement que l’on n’est pas forcément d’accord et rappeler que les données peuvent évoluer dans le temps.
› Ne pas s’opposer frontalement, ne pas remettre en cause l’autorité et la légitimité de l’autre animateur·rice.

Un·e participant·e vous pose des questions de plus en plus précises sur le sujet que vous évoquez, jusqu’à dépasser votre seuil de connaissances. Comment réagir ?

› Reconnaître que l’on ne sait pas tout.
› Questionner l’ensemble du groupe sur les réponses possibles.
› Proposer de chercher l’information pour la prochaine séance.

Les participant·e·s vous posent des questions personnelles sur vos pratiques. Comment réagir ?

› Renvoyer la question « et vous, vous en pensez-quoi ? ».
› Renvoyer sur la raison de la question « Pourquoi posez-vous cette question ? ».
› Rappeler que l’on intervient en tant que professionnel et qu’il y a des limites entre la sphère publique et privée.
› Être au clair par rapport à ses pratiques et anticiper les questionnements.

PELOSSE L., RASTELLO J. – La santé des apprentis– Guide méthodologique pour professionnels des centres de formation des apprentis en région Rhône Alpes- Juin 2009

Les supports d'animation

Selectionner une tranche d’âge pour accéder aux supports et conseils d’animation adaptés.

Quelques recommandations pour l'animateur.rice

› Éviter l’expression de tout jugement personnel
› Développer une attitude d’écoute, de disponibilité et d’empathie au sein du groupe.
› Partir des questions et besoins des adolescent·e·s.
› Situer les niveaux de connaissances de chacun et apporter, si nécessaire, des informations précises et objectives.
› Répondre de façon adaptée au niveau de maturité des élèves.
› Ne pas s’arrêter à un vocabulaire qui peut choquer mais reformuler.
› Aider les adolescents à trouver leurs propres repères, en suscitant la réflexion individuelle et collective.
› Rappeler que les médecins, infirmières, assistantes de services social sont des interlocuteurs privilégiés au sein de l’établissement et qu’ils peuvent apporter une aide et être un relais vers des structures extérieures compétentes en cas de difficultés personnelles.

Quand un jeune vous interpelle sur une question de sexualité :
› Questionner le sens de ce qui a été dit par la/le jeune. Lui demander ce qu’il veut dire pour bien comprendre ce qu’il·elle veut dire. Cela permet d’éviter des décalages de compréhension entre ce qu’il·elle dit et ce que l’adulte comprend.
› J’écoute, j’interroge.
› L’adulte n’est pas forcement là pour donner des réponses mais pour questionner le jeune sur ce qu’il dit, ce qu’il ressent.
› Éviter les interprétations.

Les équipes ne sont pas là pour dire ce que l’on fait ou non avec son sexe, il y a cependant des limites à ne pas franchir :
› On ne doit pas abîmer l’autre physiquement et psychologiquement.
› La sexualité de doit pas être subie.
› Chacun est acteur de sa sexualité et peut dire non à tout moment.

Ressources utiles

les acteurs normands pour vous accompagner dans votre action

Zoomer sur la carte pour visualiser les acteurs de proximité et cliquer sur un territoire pour afficher leurs coordonnées.

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